La
“super éruption” du volcan Toba (Ile de Sumatra / Indonésie
Lorsque le volcan
Toba, situé sur l’île indonésienne de Sumatra est entré en éruption il y a
73.000 ans, ce fut l’éruption ultra-plinienne cataclysmique la plus importante
des derniers 28 millions d’années.
Actuellement, le
Toba est connu comme le plus grand lac volcanique au monde, 100 km. de long sur
35 km. de large. Ce n’est qu’en 1949 que le géologue Néerlandais Rein van
Bemmelen démontra que ce lac idyllique était en fait une gigantesque caldeira
volcanique, cernée d’ignimbrites.
Le lac Toba ,
depuis Samosir et ses maisons Batak - photo Bernard Gagnon.
Cette caldeira,
considérée comme la plus grande de l’ère Quaternaire, s’est formée au cours de
quatre éruptions ignimbritiques majeures durant le Pléistocène, à partir d’il y
a 1,2 millions d’années. L’épisode daté de 800.000 ans a produit le OTT – Old
Toba tuff, celui daté de 500.000 ans le MTT – Midddle Toba Tuff … et le dernier
en date, il y a 73.000 ans, le YTT – Young Toba Tuff.
L’île de Samosir
est un dôme de résurgence daté d’après ce cataclysme, ainsi que les blocs de la
péninsule Uluan. L’activité s’est ensuite poursuivie avec la mise en place
d’une série de dômes de lave, la croissance du Pusukbukit au sud de la caldeira
et la formation du Tandukbenua au nord-ouest.
La caldeira du Toba
et ses structures.
Le lac Toba - doc. Prof.
Dr. William Bowen - California Geographical Survey d'après doc. Nasa
L’éruption d’il y
a 730.000 ans en chiffres :
- Les coulées de
lave, estimées à 1.000 km³, ont couvert une surface de 20-30.000 km² d’une
épaisseur moyenne de 50 mètres (allant par place jusqu’à plus de 400 m.
d’épaisseur). La température de sortie était d’environ 750°C, à
l’immobilisation de 550°C, refroidissant en quelques jours aux environs de
100°C. en surface, mais restant plus chaude en interne.
Extension des coulées de lave - doc. G.Weber.
- Les matériaux
expulsés, ignimbrites et cendres, sont estimés à 2.800km³, soit un ratio de
sortie, pour un temps d’éruption entre 9 et 14 jours, de 8 millions de tonnes
par seconde (Rose W.I. 1990).
Les retombées de
cendres ont recouvert une grande partie du sud-est asiatique, une partie des
îles de la Sonde, les îles Andaman et Nicobar, tout le sous-continent Indien et
Ceylan. Un exemple en Inde, sur la carte au n°6 rouge, l’épaisseur des cendres
était de 6 m. (Archava S.K. 1993). La composition des cendres de l’YTT – Young
Toba Tuff – est particulière et permet de ne pas attribuer les couches de
cendres rencontrées à d’autres éruptions volcaniques régionales.
limits the area in
which Toba fallout (YTT) has been found or where substantial amounts
of fallout are likely to have been deposited.
I indicates
likely locations of Toba pumice floats washed up on beaches
red numbers: traces
of Toba ash found on land
blue numbers: traces
of Toba ash found at the bottom of the sea
Archaeological sites
with tools and bones lying below Toba ash (and therefore older than 73,000
years) are red numbers 1 (in Malaysia) as well as 5, 7, 8 and 10 (in India) in
the map / Doc. G.Weber
Selon la « Toba
catastrophe theory », la « méga-collossale » éruption du Toba a
été 3.500 fois plus importante que celle du Tambora en 1815. Le Global
volcanism Program lui a attribué un VEI de 8.
Selon les
simulations, la quantité de dioxyde de soufre relâchée dans la stratosphère fut
si importante qu’elle ne pu être oxydée en totalité en aérosol sulfurique,
laissant un énorme réservoir de SO2 dans la stratosphère. Cette quantité
surnuméraire n’a réagit qu’au fur et à mesure de la production de radicaux
hydroxyles nécessaires … ce qui inclut une action sur le climat d’une durée
supplémentaire de 1 à 2 ans par rapport à la durée remarquée pour des
évènements causés par des éruptions de VEI 6-7.
Un diagramme
comparatif des émissions de SO2 et d’aérosols sulfatés pour l’éruption du
Toba versus celle du Pinatubo, en 1991, illustre la fabrication prolongée
d'aérosols en fonction de l’énorme masse au temps zéro. ( data Read et
al. 1993- Bekki et al. 1996 - in Oppenheimer 2002).
Total mass of sulfur
dioxide and sulfate aerosol in the stratosphere (heavy solid and dotted lines,
respectively) modeled for a 6 petagram stratospheric injection of SO2.
L’éruption du
Toba a causé le refroidissement du globe terrestre durant une période de 6 à 10
ans, laps de temps suffisant pour induire une période glaciaire, à supposer que
les autres conditions pour y mener soient réunies. Rampino et Self ont estimé,
en 1992, que le voile d’aérosols sulfuriques était suffisamment épais et de
longue durée pour causer un refroidissement de 3 à 5°C. Ils suggèrent que la
réaction du territoire du Canada, vis-à-vis de cette éruption, a joué un rôle
important : les températures y ont baissé de 12°C en été, favorisant la
croissance de la couche de glace des Laurentides, augmentant l’albedo,
réfléchissant encore plus la lumière solaire et par effet « boule de
neige » réduisant d’autant la température.
Cette baisse des
températures pourrait avoir affecté l’espèce humaine, et influencé le développement et l’épanouissement d’Homo sapiens, en réduisant la population à
quelques 10.000 familles.
Imaginons
l’impact d’une telle éruption à l’heure actuelle : avec les rations
alimentaires limites compte tenu d’une population mondiale en expansion, la
disponibilité en baisse des ressources en eau potable, une telle éruption avec
ses conséquences climatiques, engendrant un effondrement des productions
agricoles, aboutirait à une famine généralisée et des guerres pour l’appropriation
des ressources ... en route vers le chaos !
La « Toba
catastrophe theory » est battue en brèche par Oppenheimer, qui considère
que la baisse des températures ne fut que de 1,1°C pour le 1.000 ans suivant
l’éruption.
Une animation
intéressante pour l'été, Vulcania met le Toba à l'honneur en 2011, avec : "Mission
Toba".
Sources :
- Global
volcanism Program – Toba
- Andaman.org –
Toba volcano – by George Weber - link
- Andaman.org - Toba
: through the bottleneck and human evolution -link
- Bradshaw
foundation – Late Pleistocene human population bottlenecks, volcanic winter and
differenciation of modern humans – by St.H.Ambrose , University of Illinois.
- link
remarquable cette article !
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